C'est une page de l'histoire varadaise méconnue : le château de la Madeleine, plus connu sous le nom du palais Briau, a bien failli être détruit en avril 1943. Raymonde Légier, née L'Homelet, en a été témoin alors qu'elle n'avait que 12 ans. "Un avion Stuka allemand s'est écrasé sur la dépendance dans laquelle j'habitais avec ma famille, qui n'était qu'à 30 mètres du château, se souvient-elle. Il ne restait plus qu'un pan de mur…"
Le choc d'une extrême violence coûte d'ailleurs la vie aux deux pilotes nazis de 19 et 21 ans, qui s'étaient montrés très imprudents. "L'avion avait tourné toute la matinée en rase-mottes, à tel point qu'il avait frôlé le clocher de l'église", se souvient la nonagénaire, dont le père était métayer sur le domaine.
Mais une aile accrochait un sapin et l'aéronef allait partir en vrille, pour finalement s'écraser sur le bâtiment sans causer plus de victimes… "C'est d'ailleurs un miracle, insiste Raymonde Légier, avec émotion. Ma mère était sur le pas de la porte et discutait avec M. Slove, le châtelain. Lui a d'ailleurs reçu un caillou sur la cage thoracique et s'est effondré par terre, blessé."
"Je me souviens avoir couru et m'être couchée par terre"
Raymonde et sa sœur Marie ont eu encore plus de chance : quelques instants auparavant, elles nettoyaient les chambres et venaient de descendre l'escalier pour rejoindre les toilettes. "Je me souviens avoir couru et m'être couchée par terre. J'ai entendu les râles de deux soldats allemands, puis plus rien. Il y avait plein de sang. J'ai eu très peur."
Quelques mois plus tard, les parents de Raymonde vivront une autre tragédie, en septembre 1943. Alors qu'ils faisaient des courses à Nantes, ils se retrouvent au milieu de bombardements alliés, qui visent une base de sous-marins allemands. "Ils ont vu plein de gens écrasés par ces destructions, mais ils s'en sont sortis indemnes, raconte la Varadaise. Ils ont eu de la chance deux fois. C'est peut-être parce que l'on croyait beaucoup en Dieu."
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